THEMATIQUE : « 50 ans d’amélioration des conditions de travail en rétrospective et en prospective »

L’Anact aura 50 ans en 2023. L’occasion pour La Revue des conditions de travail d’ouvrir son numéro 14 à des contributions rétrospectives et prospectives.

Appel à contributions "Travail, parcours et prévention de l'usure professionnelle"

Depuis 1973, année de création de l’Agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail, le contexte social et politique s’est profondément transformé, de même que le paysage des entreprises et de l’organisation du travail.

Les années 70 sont des années de bifurcation de l’économie française : la croissance commence à fléchir et de nombreux secteurs industriels entrent profondément en crise et se restructurent dans la douleur (textile, sidérurgie, etc.). L’essor d’une économie de service transforme également la nature des emplois occupés, le travail manuel cédant la place à des activités de communication, de traitement de l’information et de rapports de services. En même temps, l’accès aux études supérieures devient plus aisé pour les nouvelles générations. Mais le chômage de masse fait son apparition et la question de l’emploi deviendra cruciale pour les gouvernements successifs jusqu’à nos jours encore. Ce mouvement conduira parfois à occulter l’importance du travail et de ses modes d’organisation alors que ceux-ci conditionnent la santé des travailleurs et l’efficacité des entreprises.

Autre évolution, le droit social se modifie considérablement et de nombreuses avancées législatives consacreront le droit d’expression des travailleurs sur leurs conditions de travail (les Lois dites Auroux de 1982) ou l’aménagement et la réduction du temps de travail (1998-2000). Plus récemment, les acteurs sociaux et le législateur ont favorisé la décentralisation des négociations et l’approfondissement des thématiques comme la qualité de vie au travail (Ani de 2013), devenue en 2021 la qualité de vie et des conditions de travail (QVCT). Les différentes crises – sanitaires, bien sûr, mais aussi  environnementales et écologiques – sont également à souligner pour leur influence actuelle et à venir sur le monde du travail.

Au cours de cette histoire, l’Anact a accompagné l’ensemble des acteurs de la négociation collective – patronaux et syndicaux – pour favoriser de nouvelles pratiques d’amélioration des conditions de travail. À partir d’interventions menées dans des entreprises de toutes tailles et de tous secteurs, le réseau Anact-Aract a développé une expérience conséquente des évolutions du travail, capitalisée dans de nombreuses publications, et mis à la disposition des acteurs des façons de faire et des modèles utiles pour l’action. Dans tous les cas, l’ambition a toujours consistée à être au service des acteurs du travail en soutenant leurs initiatives, sans adopter la posture d’un expert surplombant qui viendrait énoncer, de l’extérieur, ce qui doit être fait.

C’est toujours en favorisant des dynamiques paritaires et en renforçant la capacité des acteurs à négocier les conditions de travail que l’Anact a pu consolider sa réputation et son rôle. De même, les champs thématiques dans lesquels cette action s’est inscrite ont toujours été extrêmement divers, reflétant ainsi les préoccupations des acteurs sociaux et des pouvoirs publics dans des conjonctures précises : temps de travail, droit d’expression des salariés, participation aux décisions, nouvelles technologies, troubles musculosquelettiques (TMS), risques psychosociaux (RPS), qualité de vie au travail (QVT) et bien d’autres.

Quels types de contributions sont attendues ?

L’objectif de cet appel à contributions est moins de refaire l’histoire de l’Anact en tant que telle que de susciter des articles réflexifs pouvant témoigner des évolutions affectant le champ des conditions de travail et la façon dont les acteurs sociaux se sont emparés de différentes thématiques. Il s’agit ainsi de collecter des matériaux permettant de retracer des éléments saillants qui ont marqué le monde du travail depuis les 50 dernières années.

Des contributions rétrospectives : explorer des temps forts de l’actualité sociale du travail de ces 50 dernières années :

  • au travers de grandes thématiques comme la performance et le coût des mauvaises conditions de travail, les troubles musculosquelettiques (TMS), la charge de travail, la gestion des compétences, la gestion des âges, la QVT, le dialogue social et professionnel, les TIC et le numérique, la santé au travail, l’égalité professionnelle… ;
  • l’évolution des relations professionnelles et le rôle des acteurs sociaux (en incluant les formes de la négociation, les transformations du syndicalisme et des institutions représentatives du personnel) ;
  • les politiques publiques du travail et de l’emploi (les Lois Auroux, les 35 heures mais aussi la décentralisation de la négociation collective plus récemment) et l’influence de ces évolutions sur les conditions de travail ;
  • l’évolution des modes d’actions et d’interventions auprès des entreprises (l’appui aux acteurs, le diagnostic court, l’intervention longue, l’expérimentation et les actions collectives, etc.) ;
  • l’évolution du réseau, de la création des Aract à la consolidation du réseau dans un établissement public unifié.

Des contributions prospectives : explorer ce que pourrait devenir le travail dans les années qui s’annoncent.

Le contexte des différentes crises pourra être évoqué. La crise sanitaire a enclenché des transformations rapides de l’organisation du travail d’une façon presque inimaginable avant 2020 (travail à distance, morcellement des lieux d’exercice de l’activité, capacité des collectifs à s’organiser, digitalisation, etc.). Les questions des transitions écologiques et environnementales auxquelles le monde du travail fait face, et des interrogations sur l’avenir du travail – salarié ou indépendant, ubérisé ou non – sont également des objets qu’il est possible d’appréhender. Les voies du futur peuvent ainsi être esquissées tout en sachant que la réalité se montrera sans doute plus déroutante que toutes les anticipations qui pourraient en être faites.

Calendrier

  • Date limite de réception des intentions d’article : 1er octobre 2022.
  • Date limite de réception des articles (15 000 à 25 000 caractères espaces compris) : 15 juin 2023.
  • Publication des articles dans le numéro 14 de La Revue : novembre 2023

Une intention d’article doit comprendre un titre et un résumé d’une page maximum indiquant la problématique de l’article et la méthodologie utilisée. Après sa réception, le comité éditorial de La Revue communique sa décision aux auteurs sous une quinzaine de jours.

L’acceptation de l’intention d’article ne présume pas de l’acceptation de l’article final. Celui-ci sera évalué par deux personnes désignées par le comité éditorial. Les attentes suivantes seront privilégiées : pertinence conceptuelle par rapport à l’objet du dossier thématique de la Revue, qualité de la description du milieu de travail dans lequel l’intervention se situe, capacité de mettre en récit et de problématiser les enjeux sociaux et organisationnels issus de l’observation empirique, attention aux questions de contenus et aux controverses qui ont animé les acteurs en situations pratiques. La Revue entend plus particulièrement valoriser des approches qui relatent des expériences et/ou des tentatives de transformations du travail.